Les autres fois.

Je vomis les mots comme ce trop plein de nourriture qui sort quelques fois par erreur. L’écriture est comme un aliment. La photographie n’a rien à voir là dedans. La nourriture est complexe. Elle est ma pire ennemie et ma plus grande alliée. Elle remplie une partie de mon vide interne, la plus grande partie. Mon estomac appelle. Je le soigne en ingurgitant tout ce que j’ai sous la main et qui est plus ou moins comestible. Puis mon estomac me hante et me dis que je ne dois pas tout ingurgiter comme ça. Alors j’attends mon prochain vide. Et je le laisse me ronger de l’intérieur avec ses grognements sourds qui sortent de mon ventre quelquefois lorsque j’attends trop avant de ré-ingurgiter. Si on attend encore un peu, les grognements cessent, et la faim s’apaise toute seule. Comme si le corps avait trouvé un recoin interne plein de nourriture et l’avait englouti. Alors, par l’écriture, je régurgite ce que mon corps a englouti tout seul, sans moi. Quelquefois ça ne donne rien, parce que ces fois-là mon corps n’a pas assez mangé sans moi. Les autres fois.

[05-10-12]

La faim.

Il est là, assit par terre. Il a presque l’air heureux d’être là, contre le mur de sa chambre, assit par terre. Les yeux entr’ouverts il semble fixer le vide en face de lui. Il fixe le vide à l’intérieur de lui. Dans ses bras un jeune chat noir. Ils semblent paisibles. A intervalles réguliers, ils se jettent de petits regards complice, puis il retourne dans son néant intérieur.
La pièce est sombre.
Il est toujours là, assit par terre. Il ne bouge pas vraiment. Une main sur le chat, il lui transmet un semblant de compassion. Le chat lui bouge. Il est blotti, la tête contre l’estomac de son maitre. La tête dans l’estomac de son maitre.
Il est là, assit par terre. Le chat blotti apprécie la chaleur de son maitre. Sa main remue, essayant de saisir le chat. Il baisse la tête, regarde calmement le trou que l’animal à creusé dans son corps. Il sourit. Le chat a faim. Lentement il se nourrit des viscères de son maitre. Le chat creuse et déchiquette un peu plus la peau du ventre de son maitre. Il mâchouille ses intestins.
Il est assit, il a faim. Ses yeux se baissent sur ce chat qui le dévore petit à petit. Il l’attrape par les pattes arrières et plonge ses dents dans l’une de ses cuisses. Le chat ne tressaille même pas. Il est bien trop occupé à ronger l’une de ses côtes.

Φ

Le bonheur invisible du néant de ta vie.

Des fois je m’énerve contre moi, trop peu souvent sur les autres. Pourtant je crois qu’ils le mériteraient plus que moi. Mais voilà, je me connais trop, je suis devenue cette amie un peu trop proche de toi, un peu trop semblable à toi qui t’énerve par ses défauts que tu ne reconnais que trop bien chez toi. Alors tu lui fais la remarque tout en sachant que rien n’y fera vu que nous réagissons toujours de la même façon navrante et insensée. Tu cesses de réagir à ses défauts et parfois tu te surprends à les aimer, à te complaire dans tout ça sans savoir pourquoi ni sans que cela ne t’apporte rien d’autre qu’un peu de néant.

Peut-être que c’est ce néant ambiant qui fait que tu aimes te complaire et te baigner dans ces défauts, ces erreurs de comportement qui t’énervent quand tu n’y penses plus. Tu sais malgré tout que tu te noieras dans tout ça un jour et que ce jour tu te rendras comte que tu as toujours été seul, à nager dans le bonheur invisible du néant de ta vie.

[08-09-12]

Ω